L'école de la Voie
Bonjour à toutes et à tous 👋
Bienvenue dans ce cours de philosophie pratique #6. Que vous soyez un fidèle lecteur ou que ce soit votre premier cours, merci pour votre confiance 🙏
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Depuis plus de 2000 ans, la philosophie nous a vendu une idée tenace : celle qu’en nous, il existe une lutte permanente entre raison et passions, entre le bien et le mal, entre notre « bonne » et notre « mauvaise » nature.
Ce modèle a persévéré durant des siècles, à travers les religions, les pressions sociales, le "qu'en dira-t-on" et j'en passe.
Cependant, des recherches en neuroscience ont démontré qu'une émotion est avant tout un réflexe aussi corporel que le fait d'éternuer quand une poussière nous chatouille les narines.
Or, difficile de reprocher à son corps de faire ce pour quoi il est fait.
Et si ce modèle était faux ? Ou du moins, incomplet, voire, dépassée ?
C'est ce que nous allons voir dans ce cours.
Au programme
Dès que vous serez près, vous pouvez :
Dans la tradition philosophique, on a tendance à voir l’humain comme une dualité.
Par exemple, chez Platon, la raison est un cocher qui conduit un attelage ailé, tiré par le cheval de la concupiscence (notre côté obscur) et celui des nobles passions (notre côté lumineux).
Votre tâche consiste à dominer ces passions qui mettent un sacré bazar.
Or, cette bête fauve en vous n’est pas un animal en cage qui, libéré, détruirait tout sur son passage. C’est une puissance. La dominer reviendrait à amoindrir votre puissance.
Donc, votre vitalité.
De plus, à force de chercher à vous dominer, vous allez finir par entrer dans un jeu sado-maso.
Vous allez essayer de mettre de plus en plus en avant votre « belle nature » et avoir honte de votre « moins belle nature ».
C’est ainsi que l’on arrive à la haine de soi, car rejeter une parcelle de soi revient à se rejeter tout court.
Et cela fait plus de 2000 ans que nous cultivons ce modèle…
Mais d’où cela vient-il ?
En 1962, un ethnozoologue (quelqu’un qui étudie l’histoire du rapport au monde animal) nommé Haudricourt publie un article discret, mais révolutionnaire.
Il postule que les relations originelles qu’une société entretient avec les animaux constituent souvent un modèle des relations qu’elle établira entre humains.
En bref, notre relation au vivant non humain inspire nos relations humaines.
Or, on peut remarquer que nous avons une (très) grande tendance en Occident à exploiter tout ce qu’il est possible d’exploiter dans la nature : nous domestiquons la Nature.
Le vivant hors de nous (animaux, végétaux…) constitue le modèle de notre relation au vivant en nous (notre vie émotionnelle sauvage).
Par exemple, avant l’agriculture et l’élevage, il y a environ 10 000 ans, chaque animal (mouton, bœuf, porc…) vivait à l’état sauvage.
Avec la sédentarisation, l’humain a domestiqué ces bêtes par la force, les rendant incapables de toute sauvagerie.
Ce modèle aurait été intériorisé au plus profond de notre être, et nous ferions exactement la même chose avec nos « bêtes sauvages intérieures ».
Il est temps de revoir ce modèle.
Les Touvains de Sibérie sont un peuple chamanique et animiste.
C’est-à-dire qu’ils communiquent avec les esprits pour guérir et aider les autres, et considèrent que tout ce qui existe possède un esprit, du caillou au ver de terre.
Chez eux, le renne est maintenu volontairement à l’état sauvage. Et c’est précisément parce qu’il reste sauvage qu’on peut réellement le domestiquer. Autrement dit : l’apprivoiser.
Il en va de même pour vous.
Pour domestiquer vos désirs les plus farouches, inutile de les affaiblir ; il faut apprendre à cohabiter avec eux dans leur état naturel.
L’erreur de la morale du cocher est de croire que nos désirs intérieurs sont des bêtes sauvages qu’il faudrait affaiblir puis contrôler.
Or, nous sommes faits de désirs (on reviendra là-dessus en détail dans un cours consacré à Spinoza).
Notre désir est une puissance intérieure.
Attention toutefois : il ne s’agit pas non plus de laisser nos désirs les plus morbides dicter notre vie.
Nous devons les considérer comme des bêtes à l’état sauvage : vivant tranquillement dans leur milieu naturel.
Or, pour cohabiter harmonieusement avec nos bêtes sauvages intérieures, il faut d’abord bien les connaître. Nourrir les plus nobles et amadouer les moins nobles, le tout orienté dans une même direction.
Ce n’est pas l’ange OU le démon. C’est l’ange ET le démon. Favoriser l’ange, amadouer le démon.
Comme dans cette fable Cherokee :
« En tout homme, il y a deux loups », dit le vieux sachem. « Un noir et un blanc. »
Le noir est sûr de son dû, effrayé de tout, donc colérique, plein de ressentiment, égoïste et cupide, parce qu’il n’a rien à donner.
Le blanc est fort, tranquille, lucide et juste, disponible, donc généreux, car il est assez solide pour ne pas se sentir agressé par les événements.
Un enfant, écoutant l’histoire, demande :
— Mais alors, lequel suis-je ?
— Celui que tu nourris.
La morale du cocher repose sur la peur de perdre le contrôle de nous-mêmes.
C’est en ce sens que, bien que partisan de la philosophie stoïcienne, je n’adhère pas à l’idée de maîtriser nos passions.
Tout simplement parce qu’on ne peut pas les contrôler. On peut (et doit) les influencer. Un désir négatif peut être transcendé par un désir plus positif.
Un peu comme le sortilège Expecto Patronum dans Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban : ce qui chasse les détraqueurs, ce n’est pas le combat, mais la joie.
Si vous êtes dominé par des émotions tristes, par un amoindrissement de votre vie, vous n’êtes pas faible.
Vous êtes juste mal orienté.
Fortifiez votre animal sauvage plus noble par de bonnes habitudes : le sport, l’alimentation et le sommeil en sont les fondamentaux.
Soyez attentif à ce que vous faites. Dès que vous sentez qu’une activité augmente votre puissance (c’est du pur ressenti), notez-la quelque part et répétez-la.
Nourrissez le loup blanc, tout en laissant vivre le loup noir.
Plus vous nourrirez le loup blanc, moins le loup noir prendra de place. Il sera même influencé par le loup blanc.
À force de pratique et d’écoute de soi, agir pour augmenter votre puissance deviendra une évidence.
Vous deviendrez de plus en plus libre. Vous vivrez avec votre nature, selon la Nature.
Dès que vous serez prêt, vous pouvez :
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En cadeau, vous receverez le manuel de l'école de la Voie : La méthode C.S.M.
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