L'école de la Voie
Bonjour à toutes et à tous 👋
Bienvenue dans ce cours de philosophie pratique #2. Que vous me lisiez depuis le début ou que vous veniez de me découvrir, merci de votre confiance 🙏.
Où étaient donc passés les cours de philo pratique ?
J’ai dû les mettre de côté. J’ai refondu mon entreprise :
Bref, tout cela prend du temps, de l’énergie, de l’argent et bien que j’adooooore écrire ces cours de philo, par rapport à mon entreprise, c’était ce qui était le “moins grave” à mettre en pause.
Si vous voulez consulter les anciens, ils sont dispo ici.
Cela étant dit : l’objet de ce cours est un grand classique de la philo : la liberté.
En fait, on pourrait scinder l’histoire de la philosophie en deux clans : les partisans du libre arbitre et les partisans du déterminisme.
Le souci, c’est la binarité de ce jugement. C’est comme dire “les méchants et les gentils”.
La réalité est beaucoup plus complexe que cela. Et l’expérience phénoménologique qui en découle l’est encore plus. Dans votre vie, j’imagine qu’il y a des moments où vous vous sentez pleinement en capacité de vos moyens (libre) et d’autres, pas du tout (non libre).
C’est la raison pour laquelle, dans ce cours, nous allons revenir sur ce “classique” philosophique afin de comprendre leurs idées et nous verrons quelle alternative viable s’offre à nous dans le but de mener une existence prospère.
Au programme :
Si ce n’est pas déjà fait, vous pouvez :
Lire mon livre pour vous créer une vie (presque) sans problème
Commençons par nous mettre d’accord sur les mots : le déterminisme est l’idée selon laquelle, en raison du principe de causalité (le fait qu’il n’y a pas d’effet sans cause), chaque événement qui arrive est déterminé par les causes qui le précèdent.
En bref, tout arrive pour une raison précise. Un séisme n’est pas la volonté des dieux, mais le résultat du chevauchement de plaques tectoniques, un incendie peut être causé par un mégot de cigarette, et Norman Bates est influencé par la surprotection de sa mère.
Si nous remontons le temps jusqu’à l’Antiquité, le philosophe Démocrite croyait que tout dans l’univers est composé d’atomes en mouvement, et que ces mouvements sont déterminés par des lois naturelles.
Épicure, bien qu’atomiste, introduisit une légère variation avec son concept de “clinamen”, un mouvement aléatoire des atomes, permettant une certaine forme de liberté dans un cadre déterministe.
À l’inverse, les stoïciens, notamment Chrysippe, ont développé un déterminisme plus rigide.
Ils croyaient que tout est gouverné par le logos, une raison universelle et divine, et que les événements sont inévitables. Cette conception encourageait l’acceptation stoïque des événements comme faisant partie de l’ordre naturel.
Si aujourd’hui la liberté nous est si chère, dans l’Antiquité, pour être heureux, il suffisait de faire coïncider son existence avec les principes de la nature.
Le “Deviens ce que tu es” de Pindare (repris par Nietzsche) sous-entend “Accepte-toi tel que la nature t’a fait”.
Si l’on suit l’ensemble des découvertes scientifiques, effectivement, ce sont les principes de la Nature qui régissent le monde, et eux, sont déterminés.
Notre univers est tel que les constantes fondamentales le rendent possible.
Notre Terre obéit à un système qui la rend possible.
Vous-mêmes obéissez à des lois de la nature biologique.
Un système, dans un système, dans un système.
Alors, comment pourrions-nous penser qu’il y a un peu de liberté dans tout cela ?
La question du libre arbitre est apparue au Ve siècle de notre ère, notamment avec Saint Augustin. À cette époque, nous sommes dans une période où la religion dominante est essentiellement catholique, et l’on se demandait d’où vient le mal.
En effet, si le péché est l’œuvre des âmes et que Dieu en est le créateur, n’est-il pas, par conséquent, le créateur du mal ?
Ce à quoi le philosophe répond : « Dieu a conféré à sa créature, avec le libre arbitre, la capacité de mal agir, et par là même, la responsabilité du péché. »
Avec cette idée, en tant que créatures, nous avons la possibilité de bien agir ou de mal agir. De commettre le bien comme le mal.
Si l’on pousse le raisonnement jusqu’au bout, nous avons BESOIN de la notion de libre arbitre. Sans cela, il nous serait impossible de juger les actes de quiconque.
Si vous commettez les pires atrocités, comme porter des tongs avec des chaussettes remontées jusqu’au mollet (il y a plus grave, mais un peu de légèreté dans ce cours), sans libre arbitre, il serait impossible de vous en vouloir, parce qu’il n’aurait pas pu en être autrement.
Mais avec le libre arbitre, on sous-entend que votre fashion faux pas aurait pu être évité : vous auriez pu simplement mettre des tongs.
Du libre arbitre jaillit un concept indissociable : la culpabilité et la responsabilité.
La culpabilité vient du jugement de vos actes : vous avez mal agi, alors que vous auriez pu faire autrement (se sentir coupable du fashion faux pas).
La responsabilité, dans la mesure où, comme vous avez la capacité de choisir, vous avez la responsabilité de VOUS choisir.
Et là, c’est beaucoup plus intéressant parce qu’on dépasse le libre arbitre : choisir entre deux éléments du réel.
On passe chez Sartre, pour qui la liberté n’est pas le libre arbitre, mais une condition ontologique de l’être humain. Pour faire simple, par la condition même d’être humain, nous sommes libres. Nous sommes liberté.
Pour Sartre, la liberté s’exerce uniquement en situation. L’être humain est défini ainsi comme un “existant”, c’est un état de vie, comme “mourant” serait en train de mourir (exemple pas joyeux, mais très parlant) et existant serait “en train d’exister”.
Alors certes, en tant qu’humain, vous n’avez pas choisi de naître. Vous n’avez pas choisi l’endroit, le monde, votre famille ou encore votre corps.
De ce constat naît cette question : que faire ?
On pourrait répondre à Sartre que toutes les choses que nous n’avons pas choisies (naissance, parents, pays, époque…) déterminent notre existence.
Si vous êtes né au fin fond de la Creuse et que vos parents sont agriculteurs, il est peu probable que vous deveniez président de la République.
J’ai bien dit PEU PROBABLE, pas impossible. Et quand on y pense, il est également peu probable que vous DÉSIRIEZ devenir président de la République.
Ce que je veux dire par là, c’est que même vos désirs sont déterminés par votre environnement. C’est ce que soutenait Spinoza lorsqu’il dit dans l’Éthique :
“Les hommes se trompent en ce qu’ils se croient libres ; et cette opinion consiste en cela seul qu’ils ont conscience de leurs actions et sont ignorants des causes par où ils sont déterminés.”
Pour Spinoza, le libre arbitre n’a pas de sens. Le philosophe prend l’exemple d’un enfant, d’un colérique, d’un poltron, et d’un fou. Tous croient choisir librement leur comportement, mais il n’en est rien. Ils sont mus par des passions contraires dont aucune n’est assez forte pour l’emporter.
Ce n’est pas le deuil de la liberté qu’il faut faire, mais le deuil du libre arbitre. La liberté EST nécessitée. Dans mon livre, je développe l’idée que nous vivons dans un univers finement réglé, sur une planète régie par les lois de la nature, et que notre corps y obéit également. Ces lois rendent possible le simple fait de vivre.
S’en déroger reviendrait à ôter les conditions de possibilité de l’existence.
Et la liberté dans tout ça ?
Elle devient libération : prendre conscience des causes qui nous déterminent est liberté. Vous pouvez ruser, réduire les effets, voire vous en émanciper.
C’est tout le travail du coaching et de la thérapie. Si vous prenez conscience de vos croyances limitantes ou de vos blessures de l’âme, vous pouvez amoindrir leurs effets ou les annuler.
Personnellement, dès que j’ai pris conscience de mon rapport néfaste à l’argent, qu’il provenait du rapport à l’argent de mes parents, j’ai pu construire mon propre rapport. Et accepter d’en recevoir de la part de mes clients, ce qui est bien plus sain quand on veut que son entreprise prospère.
Bien sûr, vous ne pourrez pas prendre conscience de TOUT ce qui vous détermine, c’est impossible, ne serait-ce que parce que notre physiologie l’empêche pour notre propre survie.
Imaginez votre vie si vous preniez conscience de tous vos démons, des processus chimiques dans votre cerveau, de votre digestion, du bruit environnant, etc., en même temps. Vous deviendriez fou !
C’est la raison pour laquelle vous n’êtes pas entièrement fautif de la situation dans laquelle vous vous trouvez, bonne ou mauvaise.
Mais vous en restez responsable. Responsable de ce que vous faites de ce que la vie vous a amené.
On revient à cette question : que faire ?
“ Nobody exists on purpose. Nobody belongs anywhere. We’re all going to die. Come watch TV.”
On pourrait traduire cette citation par : “Personne n’existe pour une raison précise. Personne n’appartient nulle part. Nous allons tous mourir. Viens regarder la télé.”
On doit cette phrase à Morty, de la série Rick et Morty.
La première fois que je l’ai entendue, j’ai bugué quelques minutes. J’avais beau avoir lu Nietzsche, Schopenhauer ou encore Camus, qui, en substance, nous expliquent la même chose. Mais l’entendre dans la bouche d’un personnage fictif, ça produit un effet un peu plus marquant.
Votre être entier est déterminé par des raisons qui vous échappent. Ce n’est pas une raison pour capituler et persister dans la dictature du presque.
Dans tout ce qui vous arrive, vous avez une marge de manœuvre, parfois infime, mais qui peut faire toute la différence.
Alors, saisissez-la, et voici comment.
Exercice 1 : Faites-vous accompagner
J’ai été coaché en 2019, en 2021, j’ai suivi une thérapie en 2022, et je suis au contact de coachs tout le temps. En gros, je suis tout le temps coaché.
C’est ce qui me permet de transformer mon état d’esprit et de “persévérer dans mon être” (pour le dire comme Spinoza) en permanence. Je gagne un temps fou dans la mise en place d’actions et de projets qui me tiennent à cœur, parce que je m’émancipe de ce qui me détermine.
Or, ce qui vous détermine est précisément ce qui vous empêche de croître.
Consultez, allez voir un psy, un coach, prenez une consultation, peu importe, mais arrêtez d’essayer de croître seul. Vous allez soit passer un temps monstre, soit vous décourager avant d’arriver à vos fins.
Exercice 2 : Le curseur de liberté
Si vous n’êtes pas prêt à faire appel à une aide extérieure pour gagner en liberté, utilisez l’outil que j’ai appelé le curseur de liberté.
Nous avons vu que nous passions de la liberté à la libération. Cependant, il y a des moments dans la vie où nous nous sentons plus ou moins libres.
Par exemple, quand j’ai mal dormi, je me sens moins libre qu’après 8 heures de sommeil. Chez mes parents, je me sens moins libre que chez moi. J’imagine qu’il en est de même pour vous.
D’où l’intérêt de noter son degré de liberté général et spécifique.
Prenez un sujet, par exemple, vous reconvertir pour entreprendre sur Internet (comme par hasard !) et notez sur ce curseur votre degré de liberté à ce sujet.
Pour noter votre degré de liberté général, vous pouvez, le matin avant de vous mettre à la tâche, faire de même. Posez-vous cette question : “À quel point me sens-je libre d’œuvrer à la réalisation de moi-même ?”
Certes, personne ne parle comme ça, mais c’est la subtilité des questions qui amène les meilleures réponses (comme “Ai-je envie d’être en couple ou simplement de ne plus être seul ?”).
Si ce n'est pas déjà fait, vous pouvez :
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