L'école de la Voie
The Good Place : Peut-on trouver un sens à sa vie dans l’au-delà ?
Références philosophiques utilisées
The Big Door Prize : Votre potentiel relève-t-il du libre arbitre ?
Références philosophiques utilisées
Impact sur notre propre existence
Game of Thrones : Comment puis-je construire et maintenir des relations de confiance ?
Références philosophiques utilisées
Impact sur notre propre existence
Impact sur notre propre existence
The Walking Dead : Quand tout est détruit, que reste-t-il de l’humanité ?
Bonjour à toutes et à tous 👋
Bienvenue dans ce cours de philosophie pratique #27. Que vous me suiviez depuis le début ou que vous veniez de me découvrir, merci de votre confiance 🙏
Vous savez, je pense qu’il est possible de trouver de la philosophie partout.
Ou plutôt ?
D’aborder n’importe quel objet, évènement, chose de manière philosophique.
Or, avec la multiplication des plateformes de streaming, on se retrouve avec pléthore de séries, si bien qu’on passe plus de temps à choisir quoi regarder qu’à regarder effectivement quelque chose (on appelle ça le paradoxe du choix, on y reviendra dans un prochain cours).
C’est pourquoi, dans ce cours de philo pratique n°27, je vous propose 6 séries pour vous initier à la philosophie.
Cela fonctionnait très bien avec mes élèves quand j’enseignais.
Et je les comprends.
C’est beaucoup plus sympa d’aborder Kant à travers Game of Throne qu’à travers un texte obscur dont on ne comprend pas grand chose.
Allumez votre esprit, installez-vous confortablement et laissez la philo opérée.
Bonne lecture !
Si ce n’est pas déjà fait, vous pouvez :
Eleanor Shellstropse se réveille dans l’au-delà et se retrouve par erreur dans “The Good Place” (le Bon Endroit), une sorte de paradis.
Sauf qu’elle réalise rapidement qu’elle ne mérite pas d’être là en raison de sa vie terrestre… disons peu vertueuse.
Elle décide alors de cacher sa véritable identité pour éviter d’être envoyée dans “The Bad Place” (le Mauvais Endroit), une sortie d’enfer.
Par la suite, elle rencontrera Chidi Anagonye, un ancien professeur de philosophie, Tahani Al-Jamil, une mondaine philanthrope britannique et Jason Mendoza, un DJ de Floride. Eux aussi, se demandent s’ils ont le droit d’être là.
Au fil des épisodes, la série explore les défis auxquels Eleanor et ses amis font face pour devenir de meilleures personnes tout en naviguant dans les complexités de l’au-delà (comme quoi, même une fois mort, l’existence reste complexe).
“The Good Place” se distingue par son humour intelligent, ses rebondissements, mais surtout, son exploration profonde de la moralité et de l’éthique.
La série utilise de nombreuses références philosophiques, de quoi faire plaisir les aficionados de la philosophie. En effet, Chidi, en tant que professeur de philosophie, utilise des théories et des concepts philosophiques pour guider Eleanor et les autres personnages dans leur quête de rédemption.
En voici quelques-unes:
L’éthique déontologique de Kant
Kant, dans “Fondements de la métaphysique des mœurs” explique que les actions sont moralement justes si elles sont accomplies par devoir, indépendamment des conséquences.
Dans la série, Chidi y fait référence pour aider les personnages à comprendre que certaines actions sont moralement obligatoires, même si elles sont difficiles ou désagréables.
L’utilitarisme de Bentham et Mill
Jeremy Bentham et John Stuart Mill sont, ce qu’on appelle, utilitariste (pour plus de détail, lisez L’utilitarisme de John Swart Mill).
C’est-à-dire que pour eux, la meilleure action est celle qui maximise le bonheur pour le plus grand nombre de personnes. L’utilitarisme évalue les actions en fonction de leurs conséquences (c’est l’inverse de Kant).
Dans la série, les personnages sont confrontés à des dilemmes où ils doivent choisir l’option qui apporte le plus de bonheur ou le moins de souffrance à l’ensemble des personnes concernées.
L’éthique de la vertu d’Aristote
Aristote, dans Éthique à Nicomaque (le livre fait peur, mais il est très abordable) soutient que la moralité consiste à développer des vertus (des traits de caractère positifs) comme le courage, la justice et la sagesse.
Pour ce faire, il faut PRATIQUER la vertu.
Autrement dit, commettre des actes courageux (transcender ses peurs), juste (aider plus faible que soi) et sage (réfléchir avant d’agir).
Pour lui, but de la vie est de réaliser son potentiel humain et de vivre en accord avec la vertu.
Dans la série, Eleanor et ses amis tentent de développer des vertus personnelles en allant à l’encontre de leurs premiers réflexes égoïste, lâche ou irréfléchie, pour mériter leur place dans “The Good Place”.
L’existentialisme de Sartre
Jean-Paul Sartre considère que les êtres humains sont libres et responsables de donner un sens à leur vie. Il n’y a qu’eux qui peuvent ET doivent le faire.
Il explique dans L’existentialisme est un humanisme que “ l’existence précède l’essence”. Ce qui signifie qu’à l’instar des objets (comme un fer à repasser ou un moule à gaufre), nous n’avons pas été créé dans un but précis.
C’est pourquoi nous devons créer notre propre valeur par nos actions.
Les personnages de la série se doivent de donner un sens à leur existence dans l’au-delà, parce qu’ils ne l’avaient pas fait de leur vivant. Ils s’efforcent de faire choix authentiques (qui leur ressemble) en prenant leurs responsabilités.
Impact sur notre propre existence
En suivant le parcours d’Eleanor et de ses amis, vous êtes amenés à vous poser des questions similaires sur votre propre vie. Le chemin vers l’amélioration personnelle n’est pas de tout repas, mais est possible et ce, par le questionnement.
À votre tour, prenez un moment et posez-vous ses questions :
Quelles sont mes motivations pour faire le bien ?
Est-ce que je fais de bonnes actions parce que je crains les conséquences négatives, ou parce que j’ai un véritable désir d’aider les autres et de faire le bien ?
Comment puis-je améliorer mes relations avec les autres ?
Quels aspects de ma personnalité ou de mon comportement dois-je travailler pour être une meilleure personne pour mes amis, ma famille et mes collègues ?
Quels principes moraux guident mes décisions ?
Suis-je conscient des théories éthiques et philosophiques qui influencent mes choix quotidiens ? Devrais-je explorer davantage ces concepts pour mieux comprendre mes actions ?
Comment puis-je apprendre de mes erreurs passées ?
Quels comportements ou actions passés me font sentir coupable ou regretter, et comment puis-je utiliser ces
expériences pour grandir et m’améliorer ?
Qu’est-ce qui donne un sens à ma vie ?
Est-ce que je vis ma vie de manière à atteindre mes objectifs personnels et à contribuer positivement à la société ?
Comment puis-je aligner mes actions avec mes valeurs profondes pour donner un véritable sens à mon existence ?
Adapté du roman éponyme de M.O. Walsh, la série se déroule dans une petite ville tranquille où une mystérieuse machine apparaît soudainement dans un magasin.
Cette machine, appelée “Morpho”, prétend révéler le potentiel caché de chaque individu en échange de quelques pièces de monnaie. Les habitants de la ville sont intrigués et commencent à utiliser la machine pour découvrir ce que leur avenir pourrait réserver.
La série suit les histoires entrecroisées de plusieurs personnages qui découvrent leur potentiel grâce à Morpho. Certains trouvent du réconfort dans les révélations de la machine, tandis que d’autres sont bouleversés ou perplexes par les nouvelles possibilités qui s’offrent à eux.
La série offre l’occasion de s’interroger sur le destin, le libre arbitre et de la quête de sens dans nos vies. Et ce n’est pas sans quelques références philo bien ficelée. En voici quelques unes.
Le déterminisme vs le libre arbitre
Le déterminisme est la théorie selon laquelle tous les événements, y compris les actionshumaines, sont déterminés par des causes antérieures (on retrouve ça chez Spinoza).
En revanche, le libre arbitre soutient que les individus ont le pouvoir de choisir leurs actions indépendamment des influences extérieures (Sartre, je vous renvoie à la section précédente).
Dans la série, la machine Morpho soulève des questions sur le destin et le libre arbitre.
Les personnages se demandent si leurs vies sont prédéterminées par la machine ou s’ils peuvent encore exercer leur libre arbitre pour changer leur destin.
Le concept de soi chez Carl Rogers
Carl Rogers est psychologue humaniste. Dans son livre Le développement de la personne, il propose la thèse selon laquelle pour atteindre l’épanouissement personnel (en gros, se sentir heureux), un individu doit aligner son concept de soi (la vision qu’il a de lui-même) avec ses expériences réelles.
Cela nécessite une congruence entre le soi idéal et le soi réel.
Les personnages de “The Big Door Prize” sont confrontés à leurs propres aspirations et à la réalité de leur potentiel. C’est ce qui les pousse à réévaluer leur concept de soi, se réinventer, et à chercher une congruence entre ce qu’ils sont et ce qu’ils pourraient être.
D’où l’importance de passer à l’action et des grands chamboulements.
La Théorie des Besoins de Maslow
Abraham Maslow, un autre psychologue humaniste, a proposé une hiérarchie des besoins humains, allant des besoins physiologiques de base à l’auto-actualisation (ou accomplissement de soi).
À mesure que les besoins les plus primaires sont satisfaits (boire, manger, dormir… ce qu’Épicure nomme les besoins naturels nécessaires), les individus cherchent à atteindre leur plein potentiel.
“The Big Door Prize” vous invite à réfléchir sur votre potentiel (attention, ce n’est pas une nécessité. Le potentiel, c’est ce qui peut être), et les choix que nous faisons dans notre vie quotidienne.
La série soulève des questions sur la nature de notre destin et sur la manière dont nous pouvons influencer notre avenir.
À votre tour, prenez un moment et posez-vous ses questions :
Quel est mon potentiel inexploité ?
Quels talents ou capacités pourrais-je découvrir en moi-même si je prenais le temps de les explorer ?
Comment mes choix influencent-ils mon avenir ?
Est-ce que je prends des décisions conscientes qui alignent mes actions avec mes objectifs de vie ?
Quelle est la relation entre mon concept de soi et ma réalité ?
Mon idée de qui je suis correspond-elle à mes expériences réelles et à la manière dont je vis ma vie au quotidien ?
Comment puis-je trouver un sens à ma vie ?
Quelles actions, relations ou activités me donnent un sentiment de but et de satisfaction ?
Comment puis-je équilibrer mon destin et mon libre arbitre ?
Quels aspects de ma vie semblent prédéterminés, et où ai-je la liberté de choisir et de changer mon parcours ?
À moins que vous viviez dans une grotte, vous avez forcément entendu parlé de la série Game Of Throne et des livres de George R.R Martin.
La série se déroule dans les continents fictifs de Westeros et Essos et suit plusieurs familles nobles dans leur quête du pouvoir, notamment les Stark, les Lannister, les Baratheon et les Targaryen.
Au centre de l’intrigue se trouve le Trône de Fer, symbole du pouvoir ultime sur les Sept Royaumes de Westeros.
“Game of Thrones” est célèbre pour ses intrigues complexes, ses nombreux personnages, ses retournements de situation imprévisibles, et ses thèmes profonds tels que la politique, la trahison, l’honneur et le pouvoir (et son côté “dégueux” par moment, avouons-le).
Si vous n’avez pas encore vue la série, foncez, mais ne vous attachez pas trop vite aux personnages…
Le Machiavélisme
Inspiré par l’œuvre de Niccolò Machiavelli, dans son livre Le Prince, le machiavélisme est une philosophie politique qui soutient que la fin justifie les moyens. Il met l’accent sur la pragmatique et la manipulation dans la quête du pouvoir. Machiavel soutient que le souverain doit posséder “ La force du lion et la ruse du renard” ou encore “ qu’il vaut mieux être craint qu’aimer de son peuple”.
On retrouve ça dans série avec des personnages comme Cersei Lannister et Petyr Baelish (Littlefinger). Ils utilisent la manipulation, la trahison et la violence pour atteindre leurs objectifs de pouvoir.
L’éthique aristotélicienne
Nous avons déjà parlé d’Aristote et de son livre Éthique à Nicomaque et de son éthique de la vertu. Pour rappel : la vertu se situe dans un juste milieu entre deux extrêmes. Par exemple, le courage est une vertue dans la mesure où elle se situe entre la témérité (foncer tête baissée) et la lâcheté (ou pusillanimité si vous voulez un mot compliqué).
Si on prend Ned Stark, il représente l’honneur et la vertu en cherchant à faire ce qui est moralement juste, même au détriment de sa propre sécurité.
La théorie de l’ordre spontané de Hayek
Friedrich Hayek, un économiste très célèbre, a soutenu dans son livre The Constitution of Liberty que l’ordre dans la société peut émerger spontanément sans planification centralisée, grâce aux actions individuelles des personnes qui poursuivent leurs propres intérêts.
On retrouve ça dans la dynamique de pouvoir à Westeros. Ses alliances changeantes, ses trahison, les actions isolées de certains personnages, son absence de justice claire créent un ordre social chaotique mais fonctionnel.
Le concept de souveraineté de Hobbes
Thomas Hobbes, dans Le Léviathan explique que, sans une autorité souveraine puissante, la vie serait “solitaire, pauvre, méchante, brutale et courte”. L’homme, à l’état de nature (en absence de toute société) mène une guerre du chacun contre chacun. Seul un souverain puissant est nécessaire pour maintenir la paix et l’ordre
La lutte incessante pour le Trône de Fer et les conséquences chaotiques de son absence reflètent la nécessité d’un leadership fort pour éviter l’anarchie.
La série nous incite à réfléchir sur des questions profondes concernant le pouvoir, la moralité, et la nature humaine.
La série explore la complexité des choix moraux, les conséquences des actions politiques, et la lutte pour l’identité personnelle.
On peut retrouver ses questions en observant nos politiques, mais également au sein de notre travail : sommes-nous des leaders qui voulons être craint ? Ce petit chef n’est-il qu’une sombre m*rde ou un être vulnérable à la merci de ses passions tristes ?
À votre tour, prenez un moment et posez-vous ces questions.
Comment mes actions influencent-elles les autres et quelles en sont les conséquences ?
Ai-je conscience de l’impact de mes décisions sur les autres et sur la société ?
Quelle est ma propre quête de pouvoir et quelles en sont les motivations ?
Suis-je guidé par l’ambition personnelle, le bien commun ou d’autres motivations ?
Comment puis-je rester intègre dans des situations complexes et moralement ambiguës ?
Quelles sont mes valeurs fondamentales et comment puis-je les maintenir face à des dilemmes éthiques ?
Comment puis-je construire et maintenir des relations de confiance ?
Quelles actions puis-je entreprendre pour renforcer la loyauté et la confiance dans mes relations personnelles et professionnelles ?
Quelle est ma propre quête de sens et comment puis-je la poursuivre ?
Quelles sont les choses qui donnent un sens à ma vie et comment puis-je aligner mes actions avec ces valeurs ?
Death Note : Qu’est-ce que la justice pour moi ?
L’histoire suit Light Yagami, un étudiant brillant mais blasé par la justice du monde.
Un jour, il trouve un carnet mystérieux appelé “Death Note”, tombé du ciel par le dieu de la mort Ryuk.
Ce carnet permet à son utilisateur de tuer toute personne dont il connaît le nom et le visage simplement en écrivant le nom de la victime dans le carnet.
Light décide d’utiliser le Death Note pour éradiquer les criminels et créer le meilleur des mondes possibles dans lequel il serait une espèce de Dieu.
Cependant, ses actions font parler d’elles auprès de la police et d’un détective un peu étrange connu sous le nom de L.
La série explore les thèmes de la justice, de la moralité et du pouvoir à travers une intense bataille intellectuelle entre Light et L.
Références philosophiques utilisées
L’Utilitarisme
Tout comme dans The Good Place, la série traite de l’ utilitarisme, proposé par Jeremy Bentham et John Stuart Mill. Pour rappel, c’est une théorie éthique qui soutient que la meilleure action est celle qui maximise le bonheur pour le plus grand nombre de personnes.
Dans Death Note, Light Yagami est persuadé que ses actions sont justifées dans la mesure où éliminer les criminels augmenterait le bien-être général.
Cependant, ses actions soulèvent des questions sur les limites de cette théorie lorsqu’elle est poussée à l’extrême.
L’Absolutisme moral de Kant
Nous avons déjà parlé d’Emmanuel Kant et de son livre Fondements de la métaphysique des moeurs.
Nous avions vu que Kant expliquait que certaines actions sont moralement obligatoires indépendamment de leurs conséquences.
Il appelle cela l’impératif catégorique : des choses comme mentir, voler ou tuer est toujours moralement inacceptable, quelles que soient les circonstances.
Le personnage de L incarne une approche plus absolutiste de la justice, dans la mesure où il cherche à arrêter Light sans compromettre ses propres principes moraux, malgré les moyens extrêmes utilisés par Light pour atteindre ses objectifs.
La Philosophie du surhomme de Nietzsche
Friedrich Nietzsche a développé l’idée du “Surhomme”, en particulier sans Ainsi parlait Zarathoustra.
Le Übermensch (si vous voulez le dire en allemand, ça fait toujours classe, ou pas) est un individu qui transcende les normes morales conventionnelles pour créer ses propres valeurs.
Il dépasse, in fine, le nihilisme qui nous envahi depuis la mort de Dieu (thèse développée notamment dans le Gai Savoir)
Light se voit comme un Surhomme, au-dessus des lois et des morales humaines, justifiant ses actions par sa vision d’un monde idéal qu’il seul peut créer.
Vision du monde qui va à l’encontre du nihilisme de la justice qui le blase particulièrement.
La Théorie de la Justice de John Rawls
Le philosophe John Rawls, dans Théorie de la justice, soutient que la justice a pour fin de créer une société où les institutions garantissent une équité fondamentale pour tous.
Y compris les plus défavorisés !
Il propose l’idée du “voile d’ignorance” pour concevoir une société juste.
En très (très) bref : Imaginez que vous et vos amis deviez décider des règles d’un jeu, mais vous ne savez pas à l’avance quel rôle vous allez jouer dans ce jeu.
Vous allez alors choisir des règles qui sont justes pour tout le monde, car vous pourriez vous retrouver dans n’importe quel rôle.
C’est comme ça que John Rawls pense qu’on devrait décider des règles pour toute la société.
Les actions de Light remettent en question cette théorie en créant un monde où la justice est subjective et dépendante de son propre jugement, souvent en négligeant les droits des autres.
Impact sur notre propre existence
Avec “Death Note” on a l’occasion de réfléchir sur des questions profondes concernant la justice, la moralité et le pouvoir.
La série explore la complexité des choix moraux, les conséquences de l’abus de pouvoir, et la lutte pour la justice.
À votre tour, prenez un moment et réfléchissez à ces questions.
Quels principes moraux guident mes actions quotidiennes ?
Suis-je conscient des théories éthiques qui influencent mes choix et comment puis-je les appliquer dans ma vie ?
Comment j’utilise le pouvoir et l’influence que je possède ?
Suis-je capable d’exercer mon pouvoir de manière responsable et éthique ?
Qu’est-ce que la justice pour moi ?
Comment définis-je la justice et suis-je prêt à défendre mes valeurs dans des situations difficiles ?
Comment puis-je éviter de me laisser corrompre par mes ambitions ?
Quels garde-fous puis-je mettre en place pour m’assurer que mes aspirations ne nuisent pas aux autres ?
Quelle est ma quête de sens et comment puis-je la poursuivre de manière éthique ?
Quelles sont les valeurs et les objectifs qui donnent un sens à ma vie et comment puis-je les atteindre sans compromettre mon intégrité ?
Westworld : Qu’est-ce qui définit mon identité ?
La série est basée sur le film éponyme de 1973 écrit et réalisé par Michael Crichton (dont j’ignorais l’existence jusqu’à ce que je fasse des recherches pour ce cours).
Elle se déroule dans un parc d’attractions futuriste, Westworld, où les visiteurs peuvent interagir avec des “hôtes” androïdes dans un décor inspiré du Far West.
Les hôtes sont programmés pour satisfaire les désirs des visiteurs (jusqu’aux plus primaires, si vous voyez ce que je veux dire…)
Sauf qu’à un moment, ils commencent à développer une conscience et des souvenirs de leurs vies passées, ce qui les pousse à se révolter contre leurs créateurs.
Au fur et à mesure que la série progresse, elle explore des thèmes complexes tels que la conscience, l’identité, la moralité et le libre arbitre.
Références philosophiques utilisées
Le dualisme Cartésien
René, le prénom de Descartes, oppose l’esprit et le corps. Dans Méditations métaphysiques, il soutient que ce sont deux substances distinctes qui interagissent. Il appelle le corps “substance étendu” et l’esprit “substance pensante”.
Ainsi, le dualisme cartésien sépare la conscience de la matière physique.
Bien que cette séparation soit déjà le cas chez des philosophes comme Platon.
La distinction entre les hôtes (machines) et leurs esprits (conscience émergente) reflète cette idée.
Les hôtes développent des pensées et des sentiments qui transcendent leur programmation physique.
L’Existentialisme
Encore et toujours ce bon vieux Jean-Paul. Pour rappel, dans L’existentialisme est un humanisme, Sartre nous dit que l’existence précède l’essence, ce qui signifie que les individus doivent créer leur propre sens et valeur dans un monde dépourvu de sens préétabli.
Les hôtes, comme Dolores et Maeve, cherchent à comprendre leur propre existence et à créer leur propre identité, se libérant de leurs scripts prédéfinis pour trouver un sens à leur vie.
La Théorie de la conscience de Thomas Nagel
Le philosophe Thomas Nagel, à qui l’on doit un célèbre article dans le monde de la philo intitullé Quel effet cela fera-t-il d’être une chauve-souris (oui oui), a exploré la nature subjective de l’expérience consciente.
Pour faire très simple, certaines expériences sont inaccessibles à l’observation extérieure.
Vous ne pouvez décrire votre expérience subjective du monde sans omettre le fait que ce soit vous et seulement vous qui en faite l’expérience.
Idem pour la chauve-souris.
La série s’interroge sur ce que signifie avoir une conscience. Les hôtes qui développent des expériences subjectives et des souvenirs, remettant en question la frontière entre l’intelligence artificielle et la conscience humaine.
J’ai beaucoup aimé la première saison de “Westworld”. La série nous pousse à examiner la nature de nos propres existences et à considérer les implications éthiques de la création d’intelligences artificielles, qui pourraient devenir conscientes (l’avenir nous le dira).
À votre tour, prenez un moment et réfléchissez à ces questions :
Qu’est-ce qui définit mon identité ?
Comment puis-je comprendre et créer mon propre sens de moi-même au-delà des influences extérieures ?
Quelle est la nature de ma conscience ?
Comment puis-je mieux comprendre ma propre conscience et être conscient de l’expérience des autres, y compris des intelligences artificielles ?
Quels sont les dilemmes moraux dans ma vie quotidienne ?
Comment puis-je naviguer les choix éthiques et m’assurer que mes actions sont justes et responsables ?
Comment puis-je contribuer à une société plus équitable ?
Quels changements puis-je apporter dans ma vie et dans ma communauté pour promouvoir la justice et l’équité ?
Ai-je vraiment le libre arbitre ?
Dans quelle mesure suis-je libre de mes choix et comment puis-je exercer mon autonomie de manière significative ?
La série débute avec Rick Grimes, un adjoint du shérif qui se réveille d’un coma pour découvrir que le monde a été ravagé par une apocalypse zombie (y’a clairement mieux comme réveil).
Les morts-vivants, appelés “rôdeurs”, errent désormais sur Terre, et les rares survivants humains doivent se battre non seulement contre eux, mais aussi entre eux pour la survie.
Rick se met en quête de retrouver sa famille et, au fil des saisons, il devient le leader d’un groupe disparate de survivants.
La série explore leurs luttes pour trouver un endroit sûr, pour maintenir leur humanité, et pour établir une nouvelle forme de société dans ce monde post-apocalyptique.
L’Hobbesianisme
Thomas Hobbes, dans Le Léviathan crée une expérience de pensée appelée “l’état de nature”. Il explique qu’à l’état de nature (autrement dit, en l’absence totale de société, même la plus primaire qui soit) la vie humaine serait “solitaire, pauvre, méchante, brutale et courte”.
Pour éviter ce chaos, les hommes forment des sociétés et cèdent une partie de leur liberté à un souverain en échange de sécurité.
Les survivants de “The Walking Dead” vivent dans un état de nature hobbesien, où la loi du plus fort règne et où la sécurité collective nécessite des compromis moraux difficiles.
Progressivement, ils voudront recréer des micro sociétés.
L’Éthique de la Vertu
Nous avons déjà parlé d’Aristote et de l’éthique de la vertu développée dans Éthique à Nicomaque. Pour lui, la moralité consiste à développer des vertus comme le courage, la justice et la prudence.
La vertu est trouvée dans un juste milieu entre deux extrêmes.
Et c’est en pratiquant la vertu que l’on devient vertueux.
Des personnages comme Glenn, Hershel et bien d’autres finalement, cherchent à maintenir leurs vertus même dans des circonstances désespérées, essayant d’incarner la bonté et la sagesse malgré l’adversité.
Le contractualisme
Jean-Jacques n’était pas d’accord à Hobbes. Pour Rousseau, l’homme est bon par nature et c’est la société qui le corrompt.
Mais pour éviter la loi du plus fort, les humains forment des contrats sociaux pour créer une société où ils peuvent vivre ensemble en paix, en renonçant à certaines libertés individuelles pour le bien commun.
Le groupe de survivants de Rick forme implicitement des contrats sociaux, établissant des règles et des normes pour survivre ensemble et protéger le groupe contre les menaces externes et internes.
Impact sur notre propre existence
“The Walking Dead” ne se contente pas de raconter une histoire de survie ; elle nous pousse également à réfléchir sur notre propre humanité, nos valeurs et la structure de notre société.
La série nous rappelle que dans des situations extrêmes, nos choix moraux et nos vertus sont mis à l’épreuve, et elle nous invite à réfléchir sur ce qui est vraiment important dans la vie.
Et sur de quoi nous serions capable s’il n’y avait plus d’interdits légaux.
Voici quelques leçons importantes que vous pouvez tirer de la série :
À votre tour, prenez un moment et rélféchissez à ces questions.
Comment réagirais-je en situation de crise extrême ?
Serais-je capable de maintenir mes valeurs et de protéger ceux que j’aime malgré les défis ?
Quels principes moraux guideraient mes décisions dans un monde sans loi ?
Quels compromis serais-je prêt à faire pour survivre et protéger ma communauté (famille, ami, collègue...) ?
Comment puis-je renforcer mes liens communautaires ?
Quelles actions puis-je entreprendre pour renforcer la solidarité et la coopération dans ma communauté (idem ici) ?
Quel sens puis-je donner à ma vie dans des circonstances difficiles ?
Qu’est-ce qui me motive profondément et comment puis-je rester fidèle à mes objectifs personnels et moraux ?
Comment puis-je contribuer à une société plus juste et équitable ?
Quels changements puis-je apporter pour promouvoir l’équité et la justice, même dans des situations de crise ?
Conclusion
Michel Foucault disait que la philosophie n’est pas une question d’objet philosophique mais de regard, de méthode. Cette affirmation se reflète parfaitement dans les histoires que nous consommons et dans la manière dont elles nous incitent à interroger notre monde.
Qu’il s’agisse des dilemmes moraux rencontrés par Light Yagami dans “Death Note”, des luttes de pouvoir dans “Game of Thrones”, ou de la quête de sens des hôtes de “Westworld”, ces récits nous forcent à réfléchir à des questions fondamentales sur la justice, la conscience, l’identité et la moralité.
À travers ces deux cours (ainsi que les autres finalement), je souhaite vous rappeller que la philosophie ne se trouve pas seulement dans les livres ou les discussions académiques, mais dans vos vies quotidiennes et les décisions que vous prenez.
En adoptant un regard philosophique, vous pouvez explorer la profondeur des histoires et en tirer des leçons pour votre propre existence.
Questionner vos actions, examinez vos motivations et cherchez à comprendre les implications de vos choix.
La philosophie devient votre fidèle allié pour naviguer dans la complexité de la vie, enrichir votre compréhension de vous-mêmes et du monde.
Adopter cette perspective, vous engage dans une démarche constante de questionnement et de réflexion, enrichissant ainsi notre vision du monde et notre place en son sein.
Et surtout, je suis convaincu que cela fait de nous de meilleur humain, car comme disait Jankélévitch :
“ On peut vivre sans philosophie, mais pas si bien”.
J’espère que ce cours vous a plu, si c’est le cas faites le mois savoir en répondant à ce mail ou en m’envoyant un message sur LinkedIn ou Instagram.
Ça me fait toujours plaisir et ça m’aide d’avoir vos feedbacks (puis j’aime bien discuter avec vous, tout simplement).
Sur ce je vous laisse,
Bon futur !
Si ce n'est pas déjà fait, vous pouvez :
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