L'école de la Voie
Bonjour à toutes et tous 👋
Bienvenue dans ce cours de philosophie pratique #36. Que vous soyez fidèle lecteur ou que ce soit votre premier cours, merci de votre confiance pour ce moment de réflexion 🙏.
Commençons par une question étrange et importante :
À quand remonte la dernière fois où vous vous êtes senti pleinement connecté à vous-même, à ceux qui vous entourent, et au monde dans lequel vous vivez ?
On parle ici d’une dynamique “soi, les autres, le monde”.
Attention hein ! Pas une connexion passagère comme une relation Kleenex. Je parle d’un sentiment profond d’être en harmonie avec tout ce qui vous entoure.
Rarement, si ce n’est jamais, n’est-ce pas ?
C’est normal, la plupart de mes clients m’avouent se sentir morcelé. Ils s’isolent, enfermé dans leurs doutes sur eux-mêmes, leurs attentes auprès autres ou leurs écrans les éloignant du monde.
Et pourtant, ces trois dimensions – soi, les autres, le monde – ne sont pas des entités séparées. C’est un système interdépendant. Un écosystème presque.
Dans ce cours #36, je souhaitais explorer ce triptyque relationnel. J’aimerais que vous compreniez que la connaissance de soi ouvre à une compréhension plus profonde des autres et du monde.
À la fin de la lecture, en faisant les exercices, vous verrez en quoi ces connexions vous permettront de trouver votre place dans l’univers, ou du moins, votre voie professionnelle (et personnel, tant les deux sont liées).
Au programme :
Si ce n’est pas déjà fait, vous pouvez :
Il y a plus de 2 000 ans, sur les colonnes du temple de Delphes, se lisait une inscription énigmatique : Gnothi seauthon.
Trois mots, un mystère. Leur traduction ? “Connais-toi toi-même.” Une injonction qui donne l’effet d’un “démerde-toi avec c’que t’es”.
Mais est-ce vraiment le cas ? Pas sûr.
Tellement pas sûr (pas très français cette phrase) que Socrate lui-même en a fait le socle de son enseignement.
Pour lui, se connaître soi-même, c’est l’acte de courage par excellence. Cela ne consiste pas simplement à reconnaître son penchant pour un saint-émilion ou avouer en public que les films de M. Night Shyamalan ne sont pas si ouf que ça. Non.
C’est un face-à-face avec ses zones d’ombre, ses contradictions, et ses véritables motivations.
Vous qui lisez ses lignes, vous avez déjà pris des décisions, parfois difficile (choix de métier, de lieu de vie, de manière de vivre…).
Vous pensiez mordicus que c’étaient les vôtres (après tout, qui d’autres que vous décide de votre existence) ?
Le temps passant, vous réalisez qu’en fait, pas tant que ça.
Était-ce pour plaire à un parent ? Votre conjoint(e) ?
Ou pour suivre la voie la plus “raisonnable et sécuritaire” ?
Se connaître, c’est précisément questionner ces automatismes.
C’est oser se demander : Qui suis-je réellement derrière les masques ? Qu’est-ce qui me guide ?
Ce n’est pas confortable, loin de là. Socrate le savait bien : ce genre d’introspection peut effondrer votre monde de certitudes.
(C’est d’ailleurs, en partie, ce qui lui a été reproché et condamné à mort…)
Sauf que c’est aussi une immense libération.
Quand on se découvre, on commence à construire sa propre vie, et non celle que les autres ont projetée sur nous.
C’est pourquoi, la connaissance de soi et le début et la clé de tout. C’est un processus dynamique qui se fera toute votre vie, à condition d’oser vous retrouver avec vous-même.
En pratique :
Imaginez-vous à Delphes, face à cette inscription millénaire et posez-vous cette question : Que sais-je vraiment de moi-même ? La réponse pourrait bien changer le cours de votre vie.
Vous êtes dans une salle pleine de miroirs. Chaque miroir vous renvoie une image légèrement différente de vous-même.
Dans certains, vous vous reconnaissez à peine. Dans d’autres, vous vous découvrez sous un nouveau jour.
Ces miroirs ? Ce sont les autres.
Le philosophe imbuvable tant c’est compliqué pour rien, Hegel, dans La Phénoménologie de l’esprit, explique notre identité se construit dans la relation avec autrui.
Il parle de besoin de reconnaissance
.
Pour exister pleinement, nous avons besoin que l’autre nous reconnaisse. Il doit “valider” d’une certaine manière ce que nous sommes.
Mais ce n’est pas si simple, car cette reconnaissance est toujours fragile.
Pensez à une conversation difficile avec “Sandrine de la compta” qui arrive toujours 15 minutes en retard tout en partant 15 minutes plus tôt.
Ou d’un client, mécontent parce que vous ne répondez pas dans la minute même à son message.
Vous essayez d’expliquer votre vision, mais l’autre ne semble pas comprendre, ou ne fait pas l’effort de vous comprendre.
En bref, il occulte votre besoin de reconnaissance.
Vous vous sentez frustré, invisible.
C’est exactement ce que décrit Hegel : dans la relation, il y a toujours une tension entre ce que nous voulons montrer de nous et ce que l’autre perçoit.
Ça fait mal, mais ça fait grandir, parce que l’autre nous renvoie des facettes de nous-mêmes que nous n’avions jamais envisagées (ou que nous ne voulions pas voir).
Un client insatisfait peut vous apprendre à mieux écouter. Une collègue sceptique peut aiguiser vos arguments. Même les conflits, aussi inconfortables soient-ils, nous révèlent.
Cette dynamique ne s’arrête pas là.
La relation à l’autre vous invite à un équilibre subtil : rester fidèle à ce que vous êtes tout en acceptant que l’autre vous transforme.
C’est ce dialogue permanent entre soi et autrui qui construit une connexion plus profonde avec le monde.
Ce n’est pas un rapport d’opposition. C’est une co-création.
En comprenant cela, vous dépassez la simple quête de reconnaissance pour voir l’autre comme une passerelle vers quelque chose de plus vaste : une compréhension commune de ce que signifie être humain.
Sachant qu’au-delà de vos liens avec les autres, quelque chose de bien plus grand vous attend.
En pratique :
Posez-vous cette question : Dans quelle mesure vos relations actuelles façonnent-elles votre identité ? Vous renforcent-elles ou vous éloignent-elles de ce que vous êtes vraiment (ou de qui vous désirez être) ?
Fermez les yeux un instant. Vous êtes sur une plage, face à l’océan. Vous sentez une légère brise sur votre peau, le sable chaud sous vos pieds.
Chaque vague qui s’écrase sur le rivage semble vous murmurer une vérité universelle : vous faites partie de tout cela.
Le philosophe Thomas Nagel, dans Le point de vue de nulle part, nous invite à comprendre cette appartenance en voyant le monde de deux façons.
D’un côté, il y a votre point de vue personnel, subjectif : ce que vous ressentez, ce que vous pensez, ce que vous vivez à travers vos sens.
Ce point de vue est celui que vous utilisez tous les jours, pour naviguer dans vos relations, votre travail, bref, votre quotidien.
Mais il y a aussi un autre point de vue, plus large, presque cosmique : celui du monde lui-même. Un “point de vue de nulle part”.
Ce n’est plus votre perception individuelle, mais une vision dans laquelle vous n’êtes qu’une partie d’un immense tout.
Nagel vous invite à jongler entre ces deux perspectives.
Pourquoi ?
Parce que vous avez sans doute tendance à vous enfermer dans votre propre subjectivité :
Vos problèmes dans un travail qui a de moins en moins de sens.
Vos attentes quant à votre N+1 ou N+2 qui ne reconnaissent pas vos efforts.
Vos frustrations durant les heures de pointes, mystérieusement, à partir de 17h07.
En adoptant une vision plus large, vous comprenez que vous êtes bien plus que vos tracas quotidiens. Vous êtes un rouage dans une mécanique infinie.
Cela ne vous diminue pas : au contraire, cela vous place dans un réseau d’interconnexions.
Et cette appartenance au monde ne s’arrête pas là.
Les philosophes Andy Clark et David Chalmers, dans leur théorie de l’esprit étendu (extended mind), vont plus loin.
Très loin même.
Selon eux, notre esprit ne se limite pas à ce qui se passe dans notre cerveau. Il s’étend au monde extérieur.
Prenons l’exemple d’un carnet dans lequel vous notez vos idées, ou un smartphone que vous consultez pour organiser votre journée.
Ces outils ne sont pas simplement des objets : ils prolongent votre esprit, comme une sorte de “mémoire externe”.
De la même manière, votre environnement physique influence vos pensées.
Si vous travaillez dans un open space sombre et encombrée, votre esprit se sentira probablement alourdi.
Mais placez-vous dans un espace lumineux et dégagé, et vous sentirez votre esprit s’alléger, s’ouvrir.
Ce que Clark et Chalmers montrent, c’est que votre esprit est en dialogue constant avec le monde environnant.
Sans aller dans un délire New Age flirtant avec Raël, vous êtes profondément connectés à votre environnement. Le monde vous façonne et vous façonnez le monde.
Habiter le monde n’est donc plus une métaphore. C’est une réalité.
Lorsque vous vous sentez déconnecté ou isolé, c’est souvent parce que vous avez perdu ce lien (avec le monde et autrui).
Retrouver cette connexion, c’est prendre conscience que vous êtes à la fois un individu unique et une partie d’un tout plus vaste.
En pratique :
Interrogez-vous : Quand est-ce que vous vous êtes senti connecté au monde pour la dernière fois ? Et que pourriez-vous faire, dès aujourd’hui, pour nourrir cette connexion ?
Derrière ce cours, ce cache une conviction.
Vous, moi, chacun d’entre nous, ne sommes ni des îlots isolés, ni des engrenages perdus dans une machine impersonnelle.
Nous sommes des créatures du monde.
Cette expression peut sembler abstraite, mais elle change tout lorsqu’on la laisse résonner.
Être une créature du monde, c’est comprendre que chaque relation – avec vous-même, avec les autres, avec le monde – est une fibre tissée dans l’immensité de l’univers.
Vous êtes un point unique dans un réseau sans fin. Et pourtant, ce point est indispensable à l’équilibre de l’ensemble, pour une vie pleine de sens.
À ce titre, vous ne cherchez plus à vous opposer, à dominer, ou à vous isoler.
Vous devenez un explorateur.
Explorer votre identité pour mieux agir.
Tisser des liens pour mieux comprendre.
Prendre soin du monde, parce qu’il prend soin de vous.
Cette perspective transforme votre quotidien.
Elle vous sort de l’égoïsme ou du sentiment d’inutilité.
Elle donne un sens à ce que nous faisons.
C’est ça aussi trouver sa voie.
Pour la trouver ?
Commencez par prendre conscience de cette dynamique : chaque décision, chaque relation, chaque projet que vous entreprenez a un impact, aussi petit soit-il, sur cet équilibre de vie global.
C’est pourquoi je continue (et continuerai) de penser qu’il n’y a que l’entrepreneuriat qui vous aidera à expérimenter votre humanité. Parce que vous créez un projet et une vie qui vous ressemble.
(Entreprendre, c’est aussi être à son compte, faire ce qu’on aime et générer ce qui vous est suffisant pour vivre dignement).
Un projet qui reflète cette interconnexion, qui la nourrit et la fait grandir.
C’est cela, devenir une créature du monde : vivre pleinement, en conscience, avec l’univers comme partenaire.
Si ce n'est pas déjà fait, vous pouvez :
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