L'école de la Voie
Bienvenue dans ce 31ᵉ cours de philosophie pratique. Que vous me suiviez depuis le début ou que vous veniez de me découvrir, merci de votre confiance 🙏.
Vous souvenez-vous de Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé ?
Harry se prépare à l’inévitable.
Il sait qu’il devra affronter Voldemort, qu’il devra quitter la sécurité de Poudlard et plonger dans l’incertitude totale de sa propre vie.
Ce moment n’est pas spectaculaire comme un duel final, mais il est pourtant rempli d’un courage profond : choisir d’agir malgré la peur, l’incertitude et l’ampleur de la tâche à venir.
Pourquoi est-ce que ça nous touche autant ?
Parce que ça illustre une vérité universelle : le courage n’est pas réservé aux héros des contes ou des films. Il s’invite dans nos vies bien plus souvent qu’on ne le croit, mais sous des formes beaucoup plus discrètes.
Peut-être avez-vous ressenti ce frisson de peur quand il fallait oser dire non à une situation qui ne vous convenait plus.
Quand il fallait postuler pour un poste qui vous semblait hors de portée, ou même prendre la décision de quitter un emploi stable, mais vide de sens.
Cependant, beaucoup hésitent, reculent ou restent paralysés par une force que nous connaissons tous : la peur.
Car si le courage est célébré dans nos récits, il est beaucoup plus difficile de le reconnaître et de l’exercer dans notre quotidien.
C’est la raison pour laquelle, ce cours sera consacré au courage.
Pas celui des grandes épopées. Celui qui nous permet, chaque jour, de dépasser nos doutes et de construire une vie plus alignée avec nos valeurs.
Au programme du jour :
Si ce n’est pas déjà fait, vous pouvez :
Lire mon livre pour vous créer une vie (presque) sans problème
Vous êtes en pleine réunion, votre manager vous propose un nouveau projet. C’est une opportunité, mais au fond de vous, une petite voix murmure : “Je ne vais pas y arriver. Et si je fais une erreur ?”.
Pendant ce temps, une autre voix, plus discrète, vous pousse à accepter, à essayer.
Que faire : fuir ou avancer ?
Voilà ce qu’est précisément le courage : non pas l’absence de peur, mais la capacité à agir malgré elle.
Pour les stoïciens, le courage est une des quatre vertus cardinales, une qualité essentielle pour vivre selon la vertus.
Épictète, dans son Manuel, nous explique que la peur, selon lui, naît d’un attachement à des éléments hors de notre contrôle : le regard des autres, le résultat de nos actions.
Le courage, en revanche, consiste à concentrer nos efforts sur ce que nous pouvons changer.
Si vous rêvez de changer de métier, vous ne pouvez pas garantir que tout se passera bien.
Vous contrôlez votre préparation : vous former, chercher des opportunités, prendre des initiatives.
Le courage stoïcien n’élimine pas l’incertitude. Il vous aide à avancer avec lucidité.
Aristote, dans Éthique à Nicomaque, propose une autre perspective.
Pour lui, le courage est l’équilibre entre la témérité et la lâcheté.
Trop de témérité mène à des décisions impulsives et risquées, tandis que la lâcheté nous empêche d’agir. Le courage, selon Aristote, est cette vertu du juste milieu : agir avec prudence, mais sans immobilisme.
Par exemple, démissionner sans plan peut relever de la témérité. À l’inverse, rester dans un travail qui ne correspond pas à vos valeurs, par peur de l’inconnu, relève de la lâcheté.
Le courage aristotélicien est une vertu réfléchie : prendre des risques, oui, mais en restant aligné avec une vision raisonnée de ses capacités et objectifs.
Ce courage n’est pas toujours spectaculaire. Il se cache dans ces petites décisions quotidiennes : oser exprimer un désaccord, dire non à une demande injuste, ou faire ce premier pas vers un changement désiré.
Ce n’est pas l’absence de peur, mais l'habileté à écouter la voix qui vous pousse à avancer.
Alors, si le courage est une vertu essentielle, qu’est-ce qui nous freine autant dans son exercice ?
La peur est une cage dorée. Elle vous protège et vous emprisonne en même temps.
Vous rêvez de changement, d’une vie plus alignée avec vos valeurs, mais cette petite voix intérieure murmure : “Et si tu échoues ? Et si c’était pire qu’aujourd’hui ?”.
Résultat ?
Vous restez là où vous êtes : frustré, mais en sécurité.
Admettons que vous ayez une idée d’entreprise qui vous passionne. C’est votre rêve de la créer et d’être libre.
Toutefois, vous continuez à vous lever chaque matin pour un travail qui vous lasse.
Pourquoi ? Parce que la peur vous retient.
Pas celle d’un danger immédiat, mais une peur profonde, souvent inconsciente, façonnée par des années de conditionnement.
C’est ce qu’explique Freud, dans Le Malaise dans la civilisation. Il nous dit que nos peurs ne disparaissent jamais réellement.
La société, avec ses normes et ses exigences, nous pousse à refouler tout ce qui dérange, y compris nos angoisses.
Plutôt que d’affronter nos peurs, nous les enterrons dans notre inconscient, où elles continuent de nous influencer en silence.
La peur de l’échec, par exemple, est souvent liée à un désir inconscient de rester dans une zone de confort.
Freud dirait que cette peur n’est pas uniquement rationnelle : elle est nourrie par des expériences passées, des attentes sociales et un besoin de validation.
Le problème, c’est que ce refoulement finit par générer un malaise.
Vous vous persuadez que tout va bien, que ce n’est “pas le bon moment”, mais au fond, vous savez que cette peur refoulée vous empêche d’avancer.
La vraie question n’est pas : “Comment supprimer cette peur ?”, mais : “Comment l’affronter et l’intégrer dans votre vie ?”.
C’est là que Rollo May intervient.
Dans Le Courage de créer, il propose une vision différente : la peur n’est pas votre ennemie, mais un signal.
Elle vous indique que vous êtes à la frontière de votre zone de confort, prêt à explorer quelque chose de nouveau. Selon May, le courage ne consiste pas à éliminer la peur, mais à agir malgré elle (il rejoint Aristote là-dessus).
C’est comme un croisement. Un chemin mène à la sécurité, l’autre à l’inconnu. La peur pointe toujours vers l’inconnu, sauf que c’est là que se trouvent les opportunités.Parce que ce qui vous effraie le plus est paradoxalement ce qui vous attire profondément.
Comme devant un film d’horreur : vous savez que ça mal se passer, vous vous cachez les yeux, mais vous les entrouvrez en même temps pour découvrir le spectacle.
La peur devient moteur.
Vous apprenez à la voir pour ce qu’elle est : un indicateur que vous êtes sur le point de grandir.
Dans ce cas, entre le refoulement et l’action, il existe un équilibre à trouver.
Et celui-ci repose sur une question simple : “Que puis-je faire aujourd’hui pour avancer, même d’un pas, malgré ma peur ?”.
Le courage devient une compétence, une habitude que l’on construit, un muscle que l’on renforce à chaque fois que l’on choisit d’agir malgré la peur.
Chaque petit acte d’audace renforce votre capacité à affronter les grandes épreuves. À “devenir qui vous êtes” pour parler comme Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra.
Ce n’est pas une invitation à attendre que votre véritable nature se révèle, mais un appel à la construire activement, à travers des choix courageux.
Pour Nietzsche, chaque épreuve, chaque difficulté est une opportunité de se renforcer. “Ce qui ne me tue pas me rend plus fort”, affirmait-il.
Cette phrase, bien qu’elle soit galvaudée, exprime une vérité fondamentale : le courage se forge dans l’action.
Affronter ses peurs, c’est se confronter à soi-même et apprendre à se dépasser.
Si Nietzsche était coach et que vous lui parliez de votre projet d’enseigner l’aquarelle en ligne et de vos peurs, il vous dirait “Fais-le quand même.”
Non pas parce que l’échec est insignifiant, mais parce qu’il est une étape sur le chemin de votre transformation.
Chaque décision prise malgré la peur vous rapproche un peu plus de la personne que vous souhaitez devenir.
Pour dépasser vos, il vous manque un dernier ingrédient.
Et c’est Viktor Frankl qui nous le donne dans Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie.
Pour lui, le courage est intimement lié au sens.
Frankl est un survivant des camps de concentration. Il explique que ce qui lui donnait la force d’affronter les épreuves les plus terribles, c’était sa capacité à trouver un but qui transcendait sa souffrance.
Selon lui, nous pouvons supporter presque n’importe quelle difficulté si nous en comprenons le “pourquoi”.
Un parent qui travaille dur pour offrir un meilleur avenir à ses enfants n’est pas motivé par l’absence de peur ou de fatigue, mais un sens profond à ses sacrifices.
Pour Frankl, le courage quotidien consiste à relier vos actions à un sens plus grand. Chaque pas, même petit, devient porteur de cette signification, ce qui vous aide à avancer, même dans l’incertitude.
Alors, comment cultiver le courage dans nos vies ? Voici trois principes inspirés de Nietzsche et Frankl :
1°) Choisissez l’action, même imparfaite : Au lieu de chercher la perfection ou d’attendre “le bon moment”, faites le premier pas.
2°) Ancrez vos décisions dans un sens : Demandez-vous : “Pourquoi est-ce important pour moi ?”.
3°) Acceptez les échecs comme des étapes : Plutôt que de craindre l’échec, considérez-le comme une opportunité d’apprendre.
Le courage est perçu comme une qualité extraordinaire, mais il est en réalité profondément ancré dans nos vies ordinaires. J’ai voulu montrer que le courage ne consistait pas à éliminer la peur, mais à apprendre à vivre avec elle.
À l’affronter et à l’utiliser comme un moteur.
Le courage n’est pas une qualité innée. Et dans votre vie, des choix, parfois simples, nécessitent du courage.
Dire non à un projet qui ne vous correspond pas.
Oser parler d’un rêve que vous gardez secret.
Quitter une situation confortable mais vide de sens.
Ces actes, même modestes, sont autant d’opportunités de renforcer ce muscle du courage et de vous
rapprocher de la personne que vous voulez devenir.
Place à la pratique
Exercice 1 : La peur comme boussole
Prenez un moment pour identifier une peur actuelle qui vous freine. Écrivez-la sur une feuille et posez-vous cette question : “Qu’est-ce que cette peur révèle sur ce que je veux vraiment ?”.
Déterminez une action, aussi petite soit-elle, que vous pouvez accomplir cette semaine pour avancer malgré cette peur. Cela peut être d’envoyer un e-mail, parler à quelqu’un, ou même chercher des informations.
Exercice 2 : Les victoires courageuses
Chaque soir, notez un acte de courage que vous avez accompli dans la journée, même s’il vous semble insignifiant. Cela peut être une conversation difficile ou une décision inconfortable.
Relisez cette liste après une semaine pour constater vos progrès. Chaque acte, aussi minime soit-il, est une preuve que vous êtes capable d’avancer.
Si ce n'est pas déjà fait, vous pouvez :
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