La guerre de l'attention

La guerre de l'attention

Bonjour à toutes et à tous 👋


Bienvenue dans le cours de philo pratique #12. Que vous soyez là depuis le début ou que vous découvriez, merci de votre confiance.


Vous en avez sûrement fait l’expérience.


Vous devez vous concentrer sur une tâche en particulier (comme écrire une newsletter), mais votre téléphone n’est pas loin et là, c'est le drame.


Peut-être avez-vous reçu un message ? Combien de like sur votre dernière publication ? Votre formation en ligne s’est telle vendue ?


Par conséquent, votre newsletter n’est toujours pas rédigée, vous ne vous êtes pas suffisamment concentré.

Vous étiez diverti.


Mais pourquoi ce besoin de penser à autre chose ? En a-t-il toujours été ainsi ? Et comment réussir à se concentrer ?


C’est ce que nous allons voir aujourd’hui.


Au programme :

  • Encore et toujours Pascal
  • La guerre de l’attention
  • Il y a divertissement et divertissement
  • Conclusion : l’art du deepwork

Si ce n’est pas déjà fait, vous pouvez :


Encore et toujours Pascal

Nous avons déjà abordé ce philosophe à maintes reprises, tant son analyse de notre psychologie est précise pour son époque.


Dans son livre principal, Pensées, Pascal se demande pourquoi les humains mènent des guerres, explorent le monde, torturent leur semblable, cherchent à les soigner.


Bref, comment une même espèce est capable des pires atrocités comme des plus magnanimes.


Voyons de plus près son texte.


« Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer les diverses agistations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent dans la Cour, dans la guerre, d’où naissent tant que querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, j’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repas dans une chambre [...] Mais quand j’ai pensé de plus près, et qu’après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs, j’ai voulu en découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a une bien effective, et qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de près. »


Bon, qu’essayer de nous dire ce bon vieux Pascal ?


Pour lui, la cause de toutes nos actions (faire la guerre, comme vouloir conquérir l’espace) vient de notre incapacité à « demeurer au repos dans une chambre », autrement dit l'impossibilité de se retrouver seul face à soi-même.


D’accord, mais pourquoi ?


Toujours d’après Pascal, la raison vient de notre « condition faible et mortelle ». En gros, le fait qu’un jour, nous ne serons plus de ce monde.


Et lorsqu’on se retrouve seul face à soit même, une fois tout le monologue interne qu’on peut se raconter :


  • Est-ce que j’ai bien refermé la voiture en partant ?
  • Il y avait des promos chez Leclerc, j’aurais dû en profiter
  • C’est ça que j’aurai dû lui répondre à ce c*nnard ! !

On peut se mettre à penser à soi et à notre finitude.


Et ça, l’humain n’apprécie pas du tout.


Pour Pascal, c’est la raison pour laquelle on a besoin de se divertir, quitte à se mettre en danger.


Parce que cela nous ôte la possibilité de pensée à nous-même et à notre condition de mortel.


(C’est là qu’on comprend mieux les ravages du confinement durant la pandémie de Covid, en plus des ravages du virus).


Ainsi, depuis que l’humain est humain, il se divertit à partir de diverses manières, jusqu’à ériger des temples, conquérir d’autres terres et actuellement, l’espace.


Parce que cela évite de penser à son trépas.


Mais pourquoi cette incapacité de se concentrer est si importante aujourd’hui ?

La guerre de l'attention

Dans les siècles passés, les occasions de se divertir étaient beaucoup plus restreintes qu’aujourd’hui.


Du temps des chasseurs-cueilleurs, je pense que le divertissement consisté simplement à survivre et fabriqué des objets pour améliorer les conditions de survie.


Plus les siècles passent, plus nous nous extrayons de la survie, moins notre esprit a besoin de trouver des solutions à nos problèmes.


Nous nous ennuyons et nous retombons dans l’impossibilité de demeurer au repos dans une chambre.


Désormais, malgré la guerre, la famine, le dérèglement climatique, etc, vivre est relativement facile.


Vous avez la flemme de faire à manger et vous désirez des sushis, en quelques clics, ils arrivent chez vous.


Choses impossibles il y a 50 ans (on n’est pas à quelques décennies près).


Sauf que votre besoin de vous divertir pour ne pas penser à votre condition humaine, donc vulnérable, est toujours présente.


Par conséquent, inconsciemment, vous êtes en quête de divertissement.


Et ça, Instagram, Facebook, LinkedIn, YouTube, les publicitaires et je suis sûr que si vous êtes créateur de contenu comme moi…


Vous l’avez bien compris.


Toute personne qui a quelque chose à proposer à quelqu’un (gratuit comme payant) cherche à :


  • capter son attention
  • lui donner envie de rester
  • lui donner envie de revenir


Dans votre cas, il est fort probable que vous soyez ici parce qu’un de mes contenus avait une accroche qui vous a donné envie de lire la suite.


Vous l’avez trouvé intéressant.


Vous vous êtes inscrit pour découvrir ma newsletter.

Vous avez appris des choses intéressantes et les exercices que je propose vous ont aidés.


Alors, vous continuez de me lire.


(Et j’espère que vous continuerez d’apprendre des choses).


Tout cela engendre une émulsion chimique dans votre cerveau, à coup de dopamine et sérotonine, mais je ne préfère pas m’y attarder parce que je n’y connais rien.


Quoi qu’il en soit, les réseaux sociaux fonctionnent de la même manière.


Ils sont conçus pour vous (et moi compris) rendre addict à leur utilisation.


Avec tous les effets secondaires négatifs que nous connaissons : comparaison aux autres, isolement, dépréciation de soi, vanity metric, incapacité à se concentrer.


Pourtant, ils demeurent de formidables outils pour qui a un business en ligne.


De ce fait, connaissant notre vulnérabilité et notre besoin de nous divertir, ne pouvons-nous pas aiguiller notre attention ?


N’y aurait-il pas un bon divertissement, comme il y aurait un bon cholestérol ?


Où sont les Oméga 3 et 6 de notre divertissement ?


(cette phrase ne veut rien dire, mais je la trouve amusante).

Divertissement et divertissement

« Les gens ne se parlent plus », « Les jeunes sont toujours sur leur portable »


Vous avez déjà entendu ça j’imagine.


Je dois avouer que ça m’agace un peu. Parce que je suis convaincu que c’est faux.


L’avancée technologique nous permet de faire les mêmes choses que nous faisions depuis que nous sommes humains, mais différemment.


Tinder a remplacé les agences matrimoniales, qui elles, remplaçaient les rencontres arrangées (grosso modo).


Les réseaux sociaux n’ont pas remplacé le fait de se parler dans le métro ou les rencontres dans les soirées des années 1960 à 1980, comme le disent les journalistes boomers de CNEWS.


Ils ont remplacé les journaux qu’on lisait, ou le silence qu’on laissait durant le temps de transport (là où l’on peut écouter de la musique pour se couper du monde).


Par contre, c’est le contenu mis en avant sur les réseaux, la TV ou Internet en général qui est problématique.


Ou bien c’est anxiogène, ou bien c’est morbide, ou c’est sexualisé, ou bien c’est inintéressant. Bref, c’est très peu inspirant.


C’est là qu’est le problème.


Vous avez besoin de vous divertir, mais vous avez aussi besoin de croitre dans votre être.


Vous avez besoin d’apprendre à résoudre des problèmes, de trouver des idées pour votre prochain post ou votre prochaine offre.


Vous avez besoin d’un environnement qui rend possible votre épanouissement.


De la même manière que si vous mangez des burgers tous les jours, votre corps va en pâtir.


Si vous consommez du mauvais divertissement (des chats qui tombent, des pranks, des actus anxiogènes…), sur le long terme, votre esprit va s’atrophier.


Vous n’aurez plus de bonnes idées.


Votre être va se ratatiner.


Alors, parmi la pléthore de divertissement, comment choisir ?


Commencez par définir la réalité dans laquelle vous souhaitez vivre, celle qui vous permettra de rayonner.


Une fois fait, décider du type de divertissement que cette réalité doit contenir.


Par exemple, quand je me suis lancé, j’écoutais des podcasts sur le marketing, je lisais des livres de copywriting, je regardais des vidéos sur l’entrepreneuriat.


Je n’excluais pas le reste, comme les romans, les séries ou les mangas, mais c’était 80% de divertissements qui nourrissaient mon projet de vie et 20% de divertissement type « détente ».


La deuxième manière est d’utiliser la dichotomie joie / tristesse de Spinoza : est-ce que le divertissement que je consomme augmente ma puissance ou la diminue ?


Si cela diminue votre puissance, que vous avez eu l’impression de perdre du temps, c’est que ce n’était pas du bon divertissement.


Autrement dit, quitte à se divertir, autant prendre un abonnement Audible, écouter des livres inspirants en lien avec votre thématique et / ou projet de vie, que de scroller sur Tiktok.


Et encore !


Il vaut mieux scroller sur Tiktok et regarder des vidéos inspirantes en lien avec votre thématique et / projet de vie que regarder la dernière vidéo de la chaîne Lama Faché.


Ce n’est pas le support ou le média qui importe. Cela reste des outils, c’est une question d’usage.


Je vous suggère simplement d’avoir une consommation de divertissement aligné avec votre projets de vie.


Comme le dit Cal Newport dans DeepWork :


« Ce sur quoi nous choisissons de nous concentrer et ce que nous choisissons d'ignorer joue dans la définition de la qualité de notre vie.»


D’ailleurs, j’ai volontairement accès cette section sur ce qu’on pourrait englober sous le terme «consommation de contenu ».


Mais si on reprend l’analyse de Pascal sur le divertissement, l’ensemble de nos actions et nos projets en général, cela aussi est du divertissement pour nous éloigner de la pensée de notre condition funeste.


Et si, au lieu de tout faire pour lutter contre notre tendance naturelle au divertissement, nous l’embrassions pour changer de vie.

Conclusion : L'art du deepwork

Pour trouver votre voie, il faut transformer votre rapport au monde.


Pour transformer votre rapport au monde, il faut partir à sa conquête, l’appréhender, faire passer vos idées à l’épreuve du réel.


En d’autres termes : passer à l’action.


« Oui, mais je n'ai pas le temps » me diriez-vous.


Je comprends, vous avez sans doute un travail salarié à côté, ou des enfants, une vie de famille, ou vous devez refaire votre logo, la charte graphique de votre site…


Si tel est le cas, je vous invite à instaurer des moments de deepwork (ou travail en profondeur en français).


Choisissez un moment dans votre journée (1h ou 2h, pas besoin de plus) et décrétez que ce sera votre moment de deepwork.


Isolez-vous. Coupez votre téléphone et vos notifications. Assurez-vous de ne pas être dérangé.


Pour vous aider, utilisez des écouteurs et l’application brain.fm.


Plongez-vous dans LA SEULE tâche primordiale que vous devez faire et qui nourrira votre projet de vie.


Cela peut être le moment de créer du contenu pour LinkedIn, prospecter, vous formez sur une compétence qui vous sera utile, créer votre prochaine formation, écrire une page de vente… Ou cours de philo pratique.


L’important, c'est que cela soit une seule tâche. Elle peut changer d’un jour à l’autre, mais une seule à la fois.

Si vous faites cela, tous les jours (au moins du lundi au vendredi).

Je suis convaincu que vous aurez changé de vie d’ici 6 mois.


Vous n’en aurez pas l’impression, mais ce sera du divertissement au sens pascalien du terme : une activité qui vous éloigne de la pensée de votre mort.


Au moins, vous sortirez du brouhaha incessant d’une société qui va trop vite, dans une direction qu’elle ignore.

Vous remettrez de l’ordre dans le chaos environnant.


Par que l’être humain est, à ma connaissance, le seul être vivant qui a besoin de se divertir.


Plus il est confronté à des opportunités de se divertir, plus il en redemande.


Ce besoin vient d’une fuite de sa condition humaine, en particulier, sa finitude.


Si vous n’avions pas conscience de notre mort, peut-être que nous n’aurions pas besoin de nous divertir.


L’avènement d’Internet et des réseaux sociaux ont démultiplié les occasions de se divertir, en mettant en avant ce qui titille le plus notre psychologie humaine (la négativité, la curiosité, la recherche du plaisir immédiat…).


Notre pouvoir réside en ce que nous avons la possibilité et la capacité de choisir notre divertissement.


Ajuster votre divertissement à votre objectif de vie. Associez-le à la pratique du deepwork sur les tâches qui comptent vraiment.

In fine, c’est votre réalité qui sera transformée.


J’espère que ce cours vous a plu, si c’est le cas faites-le-moi savoir en laissant un commentaire ou en m’envoyant un message sur LinkedIn ou Instagram.


Ça me fait toujours plaisir et ça m’aide d’avoir vos feedbacks.


Sur ce je vous laisse,


Bon futur !


Si ce n'est pas déjà fait, vous pouvez :


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